J'avais huit ans en 1940.Je me souviens de ce temps là. De notre peur, des hommes prisonniers, des larmes sur les visages, des soldats ennemis qui entraient dans la ville, des étrangers qui s'y cachaient et de ceux qu'on persécutait. Je me souviens aussi d'une petite fille qui s'appelait France. C'est d'elle que je voulais parler, de notre pays dont elle porte le nom. Ecrire ainsi son histoire de ce temps dont le souvenir me prend à la gorge. Mais un roman naît du hasard. Un jour, consultant les carnets de la guerre de Rommel, j'ai lu qu'en 1940, alors que le général allemand s'enfonçait avec son armée dans la Francevaincue, un officier français, un héros anonyme avait refusé de se rendre. Par amour de la France. Qu'il avait accepté, malgré la débâcle, de mourir. Aussitôt, en moi, les personnages et les événements de ce livre se sont noués. Cet officier je l'ai nommé Charles de Lignères. Et j'ai voulu dire pourquoi il avait choisi, dans la défaite, le sacrifice. Mais que sait-on des choix d'un homme, si on ignore ses racines?